Thursday, December 3, 2009

Apparemment, le gouvernement a peur pour l'industrie du livre. Récemment, le Premier Ministre à confié à Madame Christine Albanel la tache ardue de s'assurer qu'on pourra vous couper votre connexion Internet si jamais vous aviez l'audace de télécharger pas seulement un filme ou une chanson, mais aussi un livre. Je ne reproduit pas la lettre et me contente de vous offrir un lien au texte original. (La police de charactere est obtuse et résiste à l'OCR)
Cette mission ne semble pas émaner d'une réflexion en profondeur sur la création dans l'ère du numérique, mais plutôt de l'application naïve de la doctrine économique néo-classique. Je n'en veux pas à nos gouvernants qui sont chaque jours harcelés par les professionnels de la com fantaisiste que sont les industries du disque, du filme et de l'édition.
Cette lettre de mission montre très bien le problème du gouvernement:

Par ailleurs, le Chef de l'État a également montré qu'il considérait le respect du droit d'auteur comme l'un des fondements du développement de cette nouvelle économie, car il permet seul de garantir un partage équitable de la valeur créée, entre les créateurs des contenus culturels et les entreprises qui en assurent la mise à disposition sur les réseaux.

Cette phrase est révélatrice sur plusieurs points:
  • Quid du consommateur? A aucun moment il n'est fait mention du consommateur comme recevant une part de la valeur créée. Un cours de base de micro-économie vous renseignera sur le fait que cette valeur créée est partagée entre producteurs (y compris distributeurs) et consommateurs. Sauf... en cas de monopole. Un monopoliste peu capturer toute (ou presque toute) la valeur pour lui même. Comme les droits d'auteurs sont effectivement un monopole garantie par l'État pour une personne privée, il n'est pas surprenant que le consommateur soit laissé pour compte. Mais c'est révélateur pour ceux qui ne le savaient pas encore: Le droit d'auteur n'apporte rien au consommateur.
  • Les labels dans la musique n'ont sûrement pas l'habitude de partager avec les musiciens de façon "équitable." Ou si c'est le cas, ils utilisent un concept de l'équité qui m'est étranger. Allez voir ici pour un article très intéressant sur la distribution de la redevance. J'ai du mal à croire que les éditeurs du livre font beaucoup mieux.
Plus loin, on peu lire l'erreur la plus commune:

Il est donc important de préparer, le plus en amont possible cette révolution, afin de prévenir dans ce secteur, les dommages observés pour l'industrie musicale et le cinéma avec le développement du téléchargement illégal.

Il n'y a aucune étude sérieuse qui a pu établir un lien entre le téléchargement illégal et des soit-disant dommages pour les industrie musicale et cinématographiques. Bien au contraire, le téléchargement permet à des artistes de se faire connaître pour promouvoir leurs concerts etc... Mais il ne faut pas en vouloir au gouvernement, les représentants de l'industrie du disque et du filme répètent tellement souvent cette erreur et de façon éloquente (c'est leur business après tout) qu'il est difficile de se rappeler qu'ils ont tort.

Madame Christine Albanel, il serait en effet nécessaire de préparer les auteurs à l'entrée du livre dans l'économie numérique. Mais de grâce, ne leur recommandez pas de faire la même erreur que l'industrie de la musique et du filme. Rappelez leur que s'adapter, c'est utiliser les nouvelles technologies pour faire quelque chose de nouveau. Un livre électronique n'est pas un livre papier et le traiter d'un point de vue commercial de la même manière ne servira à rien...