Wednesday, January 20, 2010

Le droit à l'oubli est destiné à disparaitre

De nos jours, la question du droit à l'oubli est souvent mentionnée comme la seule façon de réconcilier la vie privée et Internet. On nous parle de façon répétitive des erreurs de jeunesses qui en ligne pour toujours nous coutes un travail ou un appartement. Le droit à l'oubli est brandi comme une épée pour pourfendre les photos qui vous révèlent nues, ivres, ou autre sur Facebook, votre blog, etc... Cette épée n'est pas faite de fer, mais de paille et nous nous en apercevons vite.
Le droit à l'oubli est par essence artificiel. L'être humain n'oublie par sur commande. Certains souvenirs nous collent aux basques tout le long de notre existence malgrès nos efforts pour oublier. Le droit à l'oubli en tant que tel entre en conflit avec les principes mêmes de notre neurobiologie. Cela n'est pas nouveau mais c'est un principe qui rend ce "droit" particulièrement fragile.
De nos jours, le droit à l'oubli non content de s'opposer à la neurobiologie est contraire aux principes de la culture technologique émergente. Tout ou presque laisse une trace sur Internet. La plus part de ces traces sont neutres, certaines sont positives, mais encore d'autres sont négatives nous coutant emplois, logements et parfois des amitiés. Le fait qu'une grande partie des entreprises technologiques soient basées à l'étranger dans des pays qui n'ont aucune notion légale du droit à l'oubli ne facilite pas la tâche de celui qui veut causer une amnésie collective. La facilité de reproduire tous ce qui est électronique complique la tache encore plus. En quelques instants, l'image embarrassante, ou le texte révélateur, peut êtres copié sur multiples serveurs qui sont parfois dans une demi-douzaine de juridictions différentes.
Pour ces raisons, le droit à l'oubli n'est déjà plus qu'une loi sans conséquence. Vous pourrez peut êtres le faire valoir vis-à-vis certaines entreprises françaises, mais pour le reste du monde, vous dépendez du bon vouloir des webmasters.
Mais alors, si ce droit disparait, où cela nous laisse-t-il? Votre fille qui à eu la brillante idée de partager sa photo ivre devra-t-elle se contenter du RMI jusqu'à la fin de ses jours rejetée par tout employeur qui connais Google? Votre fils qui à eu un jours la malheureuse idée de se faire photographier à faire un bras d'honneur dans le dos de son prof sera-t-il SDF? Non. Pour commencer, la prévention peu faire beaucoup. D'abords, faites attention à ce que vous mettez en ligne. C'est la première ligne de défense mais aussi la plus faible: Vous n'êtes pas le seul à avoir un appareil photo. Ensuite, utilisez un pseudonyme. L'anonymat n'a pas toujours bonne presse, mais ça aussi c'est un droit. Votre employeur soumettra peut êtres votre nom à Google, mais cela ne l'aidera pas si vous vous présentez en ligne comme PrometheeFeu.
Tout cela c'est bien bon pour ceux qui n'ont pas encore fait l'erreur de se présenter comme le jour de leur naissance sur Internet, mais que faire pour les autres? Ici, le temps fera probablement le plus. Tous un jour ou l'autre, nous faisons une erreur que nous répétons en la mettant sur Internet. C'est pratiquement inévitable. J'ai aujourd'hui un texte qui sort en page 2 de ma page Google (Ce que j'appel les résultats que je trouve quand je google mon nom) qui sans êtres damnant ne me plait pas beaucoup. Mais c'est cette inévitabilité qui nous sauvera tous. Les entrepreneurs, directeurs, et autres recruteurs de demain sont les mêmes personnes qui aujourd'hui font ces erreurs. Quand un employeur potentiel tapera votre nom dans Google, il aura en tête la photo prise par ses amis il y a 10 ans dans laquelle il est inconscient une bouteille de vodka dans les bras. Et quand vous lui répondrez que vous avez fait des erreurs de jeunesse qui sont maintenant derrière vous, il n'aura aucun mal à comprendre.
Au lieu de militer pour le droit à l'oubli qui ne reviendra pas, cultivons plutôt la culture du pardon.

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